Hanna




Rien, absolument rien ne pouvait nous préparer à ce film ou même imaginer le réalisateur Joe Wright capable d'un tel tour de force. Passer des drames "Orgueils et Préjugés" et  "Reviens-moi" à ce film d'action qu'est "Hanna" relève de la surprise la plus totale.

Oui, Hanna est une surprise, de la taille de celles que l'on n'attendait pas. Et même si l'exercice de style prend parfois le dessus sur l'histoire, il est difficile de nier, voire même de critiquer une telle réalisation, regorgeant de surprises toutes aussi folles les unes que les autres. Joe Wright, aidé par l'incroyable bande-son des Chemical Brothers, nous propose l'exemple type du film sauvé (ou sublimé) par sa mise en scène.


Ce qu'il y a de bien avec Hanna, c'est que dès les premières minutes du film (silencieuses), on sait que l'on va devoir faire face à un film hors normes. Vendu comme un banal film d'action, Hanna se révèle fort heureusement bien supérieur en terme de mise en scène que la plupart des productions hollywoodiennes. Peut-être parce qu'Hanna n'est pas "juste" qu'un film d'action mais quelque chose de bien plus atypique.

Ici atypique rime avec surprise. Et des surprises de mise en scène, le film en déborde. Une séquence d'évasion hors du commun de par sa musique électro et de par son montage non-linéaire ou encore un fabuleux plan-séquence suivant Eric Bana à pied jusqu'à un combat souterrain des plus euphorisants ne sont que des exemples parmi tant d'autres.
Joe Wright développe donc cette histoire d'enfant élevé pour tuer avec beaucoup de classe et insuffle toute son énergie dans sa mise en scène.
Avec un tel parti-pris, toute la difficulté vient de la limite à ne pas franchir entre personnalisation de mise en scène et simple exercice de style. Et malheureusement, Hanna souffre, légèrement, de ce problème.


En effet, le milieu du film accuse d'une baisse de rythme assez significative dès lors que toutes les cartes (ou presque) aient été abattues. Le film perd alors beaucoup de sa saveur lorsqu'il n'a plus grand chose à raconter et s'enlise dans une course-poursuite, certes très plaisante, mais dénuée d'enjeux. Le réalisateur se consacre alors entièrement à sa mise en scène, et en soi ça n'est pas un problème. Seulement, comme expliqué plus haut, le problème vient du scénario qui ralentit considérablement dans sa dernière demie-heure et empêche le spectateur de savourer pleinement le spectacle visuel qu'offre cette réalisation. Comme si le manque de rebondissement voulait être compensé par une mise en scène de génie, histoire de faire passer la pilule.

Mais passé le rayon des défauts, revenons aux grandes qualités du film. La mise en scène de Joe Wright est considérablement aidée et magnifiée par la bande originale composé par les Chemical Brothers. Cette bande-son électro alterne avec maîtrise entre les purs moments d'énergie et les scènes plus intimistes. C'est simple, cette composition y est pour beaucoup dans l'ambiance que dégage le film.
Concernant les acteurs, Eric Bana prouve une fois de plus que les rôles physiques lui vont parfaitement bien. Cate Blanchett se révèle surprenante et transmet toute sa froideur dans son rôle de méchante. Mais la véritable révélation du film est bel et bien notre héroïne Hanna incarnée par Saoirse Ronan, qui confirme qu'il faudra définitivement compter sur elle prochainement. Elle est le film, elle le porte à bout de bras et symbolise remarquablement toute la dualité de son personnage.

Au final, Hanna manque de réussir de peu le pari de transformer un simple thriller en un incroyable conte moderne (Les contes de Grimm étant ouvertement cités dans le film). Il est nécessaire de préciser "de peu" parce que c'est bel et bien cette baisse de rythme qui provoque la gêne. Autrement, tous les ingrédients sont là, de la variété des décors lors du voyage initiatique d'Hanna à la figure paternelle, éloignée mais toujours présente, en passant par les "méchants" clairement identifiés. Joe Wright se montre alors comme un excellent formaliste et emmène "Hanna" vers les sommets de la mise en scène originale et atypique.
Ainsi, en dépit d'un scénario plutôt limité, "Hanna" reste une formidable surprise suffisamment rare pour mériter d'être vue.


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