Les films d'Avril 2019

Voici ma sélection de films à voir en ce mois d'Avril 2019


El Reino

El Reino met en scène un politicien espagnol impliqué dans une affaire de corruption qui va le mener peu à peu dans un engrenage infernal.
Au-delà de son contexte politique un peu obscur, l'intérêt du film réside dans sa réalisation. Entre une caméra portée qui ne lâche jamais son personnage principal et des dialogues aux plans resserrés sur les visages, cette mise en scène ressemblerait presque à celle d'un film d'action.
C'est toute la force de ce film, à la fois chronique politique, drame et thriller. Cet habile mélange des genres permet au réalisateur de progressivement transformer son film en thriller paranoïaque. Le film fait preuve d'une rare intensité qui va crescendo jusqu'à une dernière demi-heure ahurissante.
El Reino est un film politique comme nul autre, anxiogène au possible et porté par un Antonio de la Torre saisissant.


Les Oiseaux de Passage

4 ans après L'étreinte du Serpent, le réalisateur Ciro Guerra et sa productrice Cristina Gallego reviennent avec un film sur l'origine des cartels de drogue en Colombie dans les années 1970.
Loin de l'extravagance des films/séries traitant de ce même sujet, Les Oiseaux de Passage mêle film de gangster et tragédie familiale au sein d'une culture indigène. Les cinéastes transposent la structure du "rise and fall" dans un décor aride, propice au western. L'ascension, la trahison, la chute, tous ces passages obligés prennent ici une nouvelle ampleur grâce aux luttes de pouvoir ancestrales dépeintes dans le film.
Ce mélange d'influences et ce cadre épique donnent au film sa propre atmosphère tant naturaliste que mystique. Les Oiseaux de Passage renouvelle avec brio les codes du genre dans un univers fascinant.


Comme si de rien n'était

Premier film de la réalisatrice allemande Eva Trobisch, Comme si de rien n'était raconte le parcours de Janne, une jeune femme qui refuse de se considérer comme une victime après avoir été violée par un collègue de travail.
La réalisatrice n'est pas intéressée par un film sur le viol (l'acte en lui-même est filmé avec banalité),  mais par le portrait de cette femme qui réagit à sa façon. Par sa mise en scène naturaliste, le film montre son héroïne avancer, avec résilience, et parfois un peu de déni, face à un environnement qui joue contre elle.
De tous les plans, l'actrice Aenne Schwarz se montre d'une rare justesse dans un rôle peu évident. Ses choix sont discutables et ne seront pas du goût de tout le monde. C'est la force de ce film, à l'image de ce final, véritable climax émotionnel symbolique de cette figure résistante.



Mon Inconnue

Couronné du succès de Demain tout commence, Hugo Gélin revient à nouveau avec un film touchant et s'attaque, cette fois-ci, à la comédie romantique. Bien conscient des codes du genre, le réalisateur coche toutes les cases (maladresse du héros, sidekick comique, reconquête de l'être aimé...) mais réussit à les dépasser grâce à un scénario malin et un casting formidable.
Avec son postulat fantastique (un homme se réveille dans monde où il n'a jamais rencontré sa femme et doit la reconquérir), Mon Inconnue jongle habilement entre le comique provoqué par le décalage d'univers (façon Les Visiteurs, auquel le film fait référence) et la reconquête amoureuse attendue. Là où le film surprend, c'est lorsqu'il accorde une attention toute particulière à ses personnages loin des poncifs du genre. Le personnage de sidekick joué par Benjamin Lavernhe en est le meilleur exemple : tour à tour hilarant et touchant, son personnage existe bien au-delà de son statut de faire-valoir pour installer une véritable bromance avec le héros. Avec un tel rôle, Benjamin Lavernhe est, n'ayons pas peur des mots, stratosphérique !
Une bonne comédie romantique n'étant rien sans ses interprètes, on peut aisément compter sur l'alchimie palpable entre François Civil et Joséphine Japy pour nous emporter. Quand lui excelle dans son phrasé maladroit et décalé, elle, nous touche avec ses regards pleins de non-dits.
Mon Inconnue embrasse le genre de la comédie romantique sans retenue, sans cynisme et avec un 1er degré salvateur, qui manque cruellement en France.


Captive State

Avec, Captive State, Rupert Wyatt (réalisateur de La Planète des Singes : Les Origines) s'attaque de nouveau à la SF avec comme point de départ une Terre occupée par les extraterrestres depuis 10 ans.
L'intérêt ici, est de traiter cette invasion extraterrestre telle une occupation nazie, avec au cœur de l'histoire l'opposition entre collabos et résistants. Ce choix est clairement la force du film, qui, conscient de son budget limité, resserre son récit à un thriller / film d'espionnage.
Pas besoin de surenchère d'effets spéciaux, ni de grande scène de bataille, le film se concentre sur une opération de la résistance et l'enquête d'un policier chargé de les dénicher. L'action "spectaculaire" est réduite à son minium pour privilégier une tension continue et oppressante (la composition de Rob Simonsen y joue aussi beaucoup).
On pourrait reprocher au film son aspect rugueux et son intrigue parfois nébuleuse, mais ce serait desservir le sentiment d'urgence dans lequel baigne le film. Par son âpreté, Captive State est un film qui réussit à maximiser son petit budget avec talent. En cela, le film se rapproche d'un District 9 tant sur la forme que le fond.
Avec son high-concept, sa réalisation nerveuse et son propos politique fort, Captive State se hisse sans mal parmi les bonnes surprises de l'année. 

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